Révoltes – Festival Plurielles
Cinq danseurs dans un lieu insolite : les anciens abattoirs de Pau à Billère. L’expérience est unique : les spectateurs font partie du spectacle et les danseurs surgissent de partout. Une façon toute particulière de sentir venir la danse en des endroits où on ne l’attendait pas …
Un déambulatoire où rien ne laisse prévoir le début du spectacle. Les spectateurs occupent le plateau et les danseurs sont partout et nulle part. Cette idée originale conçue par Céline Mélissent, Anne et François Lopez, trouble les comportements. Le trouble devient plus manifeste encore losqu’on prend subitement la mesure de nos habitudes. Une vidéo-surveillance ne pose plus problème, tant nous sommes habitués à être surveillés de toutes parts. Alors les danseurs glissent le mouvements entre nos corps. Des révoltes pensées et écrites, malgré l’apparente anarchie qui règne entre tous, public et danseurs.
Alors nait la sensation étrange que des corps en segments, extraits de leur gangue, viennent tout à coup trancher dans le vif de tous les lieux du corps, devant, derrière, dessus, dessous. De glissades en chocs sur des coquilles, de simulacres de bagarre en lieux de repos intime … Il faut donc s’habituer à vivre dans un espace que les spectateurs dessinent, sans le savoir. Dans la rue, un mouvement de foule s’écrit naturellement par le flot et les directions qu’elle prend. Ici, c’est la foule qui relie, entre eux, les évènements. Portés au gré des actions inattendues des danseurs qui nous obligent à diriger nos regards, tantôt troublés, tantôt amusés sur des situations incongrues. Il faut réhabituer le regard à mettre à sa juste place l’évènement qui arrive.
Révoltes contre l’installation et la routine, la foule est le chemin et le lieu de la danse. “Le corps” des spectateurs en est le support. Trajectoires parfois cassées, heurtées ou violentes. Entre la fracture et la révolte, la poésie de la danse trouve à se dire dans l’intimité anonyme.
Michel Vincenot, programme Festival Plurielles, Pau
février 2001