Miracle – CataCult
Deux univers pour un “Miracle”
Après six mois de répétition et trois semaines de résidence au Théâtre de l’Archipel, la compagnie de danse montpelliéraine Les Gens du Quai met la touche finale à sa dernière création “Miracle”. Le spectacle sera présenté le 16 mai à Perpignan. Sa particularité : faire jouer sur la même scène professionnels et amateurs.
Nous sommes bien loin de toute question religieuse. “Miracle” est un spectacle de danse inspiré par le film “Miracolo a Milano” de Vittorio de Sica et Cesare Zavatinni, palme d’or au Festival de Cannes en 1951. Un spectacle où amateurs et professionnels se côtoient. L’objectif pour Anne Lopez, lachorégraphe et pour François Lopez, le compositeur, était d’intégrer vingt danseurs et quinze chanteurs amateurs (la chorale Récréa’songs de Saint-Nazaire) aux neuf danseurs et cinq musiciens professionnels de la compagnie. «Amateurs et professionnels, c’est une questionde rencontre», précise Anne Lopez. «Chacun a son monde, mais il y a de la place pour l’altérité. Les amateurs ne font pas de la figuration, mais un vrai travail de création. Cage et Cunninghamfonctionnaient exactement comme ça. Ils étaient artistes autant l’un que l’autre avec des disciplines différentes. Aucun n’a voulu emmenerl’autre dans son monde».
Zéro code mais le plaisir de danser
Et c’est en s’appuyant sur le film “Miracle à Milan” que Les Gens du Quai tentent ce pari. Une histoire de clochards qui s’établissent sur un terrain vague où le pétrole abonde, ce qui engendrera pour eux bien des malheurs. Un film où la lutte est présente, mais l’espoir et l’humour aussi. «Dans notre création, développe Anne Lopez, nous essayons de prendre l’essentiel du film: la notion de communauté. Le miracle est toujours possible, dans la lutte des forts et des faibles, grâce à la solidarité. La bouteille à moitié pleine, plutôt que la bouteille à moitié vide. Ce film est une fresque humaine qui mélange burlesque, décalage et humour». Des notions que la compagnie essaye de retranscrire à travers la danse et la musique. «Sur le plateau on a envie de mêler des gens très forts et des gens très innocents. On veut confronter les deux mondes pour avoir des réponses singulières», ajoute Anne Lopez. «Nous, ce qu’on dit de la danse dans le milieu culturel aujourd’hui, c’est qu’elle a été étouffée par des concepts. La danse contemporaine est trop élitiste. Nous, nous disons que, n’importe qui peut danser, la musique c’est pareil. Le talent de quelqu’un vient de tout ce qu’il est dans sa globalité, et non pas de sa puissance technique. Nous avons un état d’esprit particulier, un regard particulier. Zéro code, mais le plaisir à danser, l’amour du mouvement, et la grande liberté que tous les gestes soient possibles». Attendons à présent le 16 mai pour voir si le miracle se réalise..
Sandrine Salvi – Catacult – mai 2013